Il existe trois poisons polluant
l'existence. L'ignorance, le désir (attachement), la colère.
De ceux-ci naissent toutes les conséquences de la vie sur terre et, pour ceux
qui croient à la vie après le passage terrestre, les affres ou bénéfices
du karma.
Le vieil adage "pécher par ignorance" fait sans doute référence à cet
enseignement, exposé également par le Christ sur la croix par son "Père,
pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font". Dans cette phrase-supplique
adressée à Dieu, le Christ fait référence à la double atteinte faite à l'homme
qu'il est ainsi qu'à la transgression de l'enseignement commandant
de ne pas tuer et, par déclinaison, également au précepte de ne pas attenter
à la vie d'un Maître ou prophète (considérer comme un parricide ésotériquement).
Selon la profondeur ésotérique, le pardon n'enlève rien à l'acte ni aux conséquences
collectives et personnelles qui seront à purger par son auteur.
L'ignorance, comme elle est fréquemment entendue, se trouve être rattachée
à la notion matérielle alors que, selon les textes, elle trouverait sa source
et son aboutissement dans le champ spirituel. Exercée sur ce plan,
la lecture et la compréhension des textes aidant, elle favorise l'évolution
intérieure par une clarté des conséquences de chaque action par le jeu
déclinatoire des pensées. Il faudrait opérer une distinction entre l'instruction
au sens matériel elle-même soumise à acquérir une connaissance d'un ou plusieurs
domaines donnant à ce niveau le sens de la culture générale ou technique et
l'ignorance au sens ésotérique qui relève d'une dimension dépassant
le cadre de la matérialité pour être dans la découverte-maîtrise intérieure.
Pour son acquisition, la plupart des hommes passent à l'expérimentation par
la pratique née de la réalisation de leurs désirs.
Le désir, synonyme symbolique de l'intention, est une représentation
de l'attachement. Au sens noble, il manifeste le bien-être pour tous,
au sens matériel, le désir est rarement dénué de tout ego
ou résultat, aussi infime soit-il, de ma volonté visant une satisfaction
personnelle. Lorsqu'il se met en mouvement, il génère une dynamique d'actes
pour se concrétiser. Est-il toujours dans la finalité réelle des conséquences
? Par assimilation il est le générateur de l'expérimentation dont le résultat,
bon ou mauvais pour soi comme pour les autres, ne sera connu qu'après son achèvement.
Il véhicule naturellement les impulsions, il provoque les élans émotionnels
à l'origine des attachements de l'ego fondant l'égoïsme. Il est mutant, se
transformant au gré des circonstances de sa marche de concrétisation créant
ainsi une recrudescence d'émotions positive ou négatives.
Le désir atteint procure un temps du plaisir, du bonheur sans
se satisfaire de cet état, il poursuit sa route par complémentarité de besoins
(désirs) adjacents, ignorés lors de sa formation.
Contrarié, il déclenche les réactions de dépit, de rancune, de colère s'en
prenant à l'extérieur sans voir les effets autres que ceux générés
par soi, retombant ainsi à sa cause première, l'ignorance.
La colère est le 3ème poison de l'existence, celui qui empêche la réalisation
intérieure, freinant l'épanouissement de la pleine compréhension. Il est
facteur de troubles intérieurs, s'enfermant dans un raisonnement en boucle
excluant toute analyse sur soi, préférant visiter et revisiter les agissements
des autres que les siens. La colère, qualifiée de mauvaise conseillère,
fait vaciller et écrouler nombre de valeurs, de logique tant qu'elle emporte
l'esprit qui la supporte en l'entretenant comme un feu vivant. L'expression
"j'ai compris" suivant la période post explosion prend difficilement
racine ne s'appuyant que sur une perception partielle, obligée et non avisée
par l'ensemble de toutes les facettes découlant de la situation. Elle perdure
dans ce leurre jusqu'à la réalité soit admise (intégrée sans exclure la responsabilité
personnelle).
L'ego conduit à l'égoïsme, celui-ci étant individuel, il s'oppose
logiquement au collectif. Dans son mode d'expression, il évince le respect
des autres, de l'autre, seul comptant le contentement personnel. En
cette optique, il draine les moyens pour imposer son désir, quitte
à le faire subir à la multitude. L'amour n'est pas le centre des actions,
celui-ci devenant secondaire, il n'est qu'un accessoire rapporté à l'utilité,
sauf à le considérer comme l'amour unipersonnel à l'identique de
Narcisse. L'ego s'inscrit dans la démarche de forcer les
autres peu important qu'ils ne soient pas d'accord. Il est à la source de
l'inhumanité et des souffrances.
Ce siècle est la visualisation
parfaite de la manifestation de l'ego personnel, de l'ego minoritaire en opposition
à la collectivité, caractérisant une absence de considération de l'autre,
des autres, au détriment de la recherche spirituelle ibératrice
. Je veux ceci pour mon bonheur, quand bien même cela vous dérange, le dérangement
que je vous occasionne m'indiffère, expression pouvant le qualifier.