
Affirmations et réfutations
Souvent quand je
suis dans le relâchement, comme tout un chacun, je suis pris par une pensée
qui en entraîne une autre et, me prenant au jeu par esprit cartésien, leur enchaînement
me conduit parfois à pousser très loin la réflexion.
Un jour, je repensais à une discussion privée que j'avais eue avec une personne
de mon entourage. Comme bien des discussions, celle-ci s'émaillait d'arguments
pour et d'arguments contradictoires, à la fois par plaisir intellectuel né
de la joute oratoire et par la recherche de solution raisonnée.
J'en étais là de ma pensée intérieure sur cette discussion de laquelle, au
final, rien de transcendant n'était ressorti.
A cet instant, un petit signal m'invita à me poser davantage en méditation.
M'isolant pour ne pas être dérangé ni subir les influences auriques environnantes,
je commençais le dialogue intérieur, celui-ci débutant par des controverses
perturbatrices, ces fameux "pour" et "contre" sur lesquels s'appuie couramment
l'esprit cherchant à appréhender une finalité ou en proie à quelque émotion
contrariante.
Progressivement, je ressentis la présence de mon Maître
Spirituel et sa bienveillance à me laisser d'abord oeuvrer dans mes efforts.
Tout doucement, comme si je l'avais en face de moi, bien que l'expression
soit totalement erronée parce que je ne le voyais pas. Cette sensation ne se
résume pas à "voir" mais à percevoir. Comment vous dire et traduire ceci ? Peut-être
par une communication de pensée à pensée, rapide dans l'échange qui, à peine
né, s'éteint (d'où l'attention à avoir), composé à la fois d'une réception
de mots ou phrases suivis d'une sensation subtile inscrivant le cheminement
que je devais faire. Il n'y a pas de qualificatif suffisant pour décrire cet
état de communication. Comme le dit l'enseignement, les mots sont la création
de l'homme. Le dialogue avec l'au-delà ne s'inspire pas des mots mêmes mais
de "l'énergie" qui se véhicule sans que celle-ci ne soit à qualifier. Il en
est de même des images ou symboles, ils ne sont qu'un faible support apparaissant
subrepticement pour s'évaporer ; si l'on reste uniquement sur ces apparitions
ou auditions sans "capter" l'onde d'énergie qui s'y attache, l'ensemble
restera bien creux et sans signification...ou donnera lieu à de multiples hypothèses
incohérentes au final.
Mon esprit m'emmena à analyser le pourquoi du "pour" et le pourquoi du "contre",
les détachant de la discussion elle-même. Intuitivement, cela ramena ma pensée
sur l'attachement et le rejet qui ont des similitudes de manifestation. J'étais
cependant insatisfait de ce résultat car il me manquait la finalité de la compréhension.
Alors, comme si mon esprit se trouvait "poussé" avec bonté, la voie de l'unique
surgit au milieu de mon mécontentement.
Pourquoi la voie de l'unique, demandais-je respectueusement à mon Maître ?
Je savais déjà que la voie de l'unicité est un des fondements de la Création,
à la fois source et delta. L'impulsion que je reçus confirma cette réminiscence.
Je bloquais mes pensées pour laisser le vide se déposer sur les deux
mots : affirmations et réfutations!
Laissant ce silence s'installer, dans une sorte de ballet tourbillonnant, je
vis les deux mots se chevaucher, s'emmêler, se séparer, chorégraphie féérique
recommençant plusieurs fois jusqu'au moment où les deux mots s'unirent pour
ne faire qu'un. Je m'enquéris auprès de mon Maître pour savoir ce que ce manège
impliquait, n'ayant qu'une prime approche de réalité de la signification.
Une impulsion subtile, née semble-t-il d'elle-même, d'un seul coup se leva,
éclairant les mots dans leur union.
Tentant de décrire ma compréhension, je dialoguais avec mon Maître pour lui
en faire part.
L'affirmation et la réfutation, lui dis-je, sont deux opposés qui empêchent
la réalisation de l'union en soi mais, également, avec les autres, avec l'environnement.
Je fus envahis d'un sentiment de chaleur bienveillante exaltant ma méditation.
Signe que ma déduction se révélait juste.
Poursuivant le sens de cette révélation, je compris rapidement que j'avais
été invité de cette façon à revenir dans la voie de la création de l'Unité
intérieure pour ne pas laisser la division s'instaurer mais, également, l'appliquer
dans la pratique quotidienne, puis la faire connaître dans mes rapports auprès
de mes contacts relationnels.
J'étais entré, par le biais de cette discussion malgré tout plaisante, dans
l'action volontariste qui, au final, rien ne saisit et ne permet pas de se
réaliser soi-même car j'entretenais la discordance intérieure.