Voguant depuis le passé,
les souvenirs encombrent la mémoire de regrets tant sur ce qui a été
que sur ce qui ne s'est pas réalisé, creuset des nostalgies,
des haines et rancunes, incrustant une empreinte duelle empêchant
de retrouver la voie du bonheur, de l' épanouissement personnel.
Parfois, ils excitent les émotions de vengeance en revivant mentalement
les évènements, les rejouant avec diverses variantes, les faisant
perdurer au-delà du raisonnable qu'exige la libération, rendant
prisonnier du passé.
Plus fréquemment, ils refoulent les sentiments en profondeur, cherchant
à les enterrer pour les oublier. Las, peine perdue, ce refoulement ne
dure qu'un temps. Ils se réveillent à la mémoire dans
le cours d'une discussion ou bien d'une situation présentant quelques
caractéristiques de ce qui a déjà été vécu.
Amalgame entre le vécu ni traité ni clarifié et le présent
éventuellement travesti que l'on colle dessus par réaction empirique,
obstruant la vision de la réalité. Comparaison bien fragile qui
interdit de croire à nouveau selon l'amplitude que les souvenirs ont
imprégnée.
Comment éviter ces répétitions de schémas gênant
la création d'un nouvel équilibre de vie ?
Empli de ses dualités
on cherche l'unité avec l'autre sans mesurer pleinement que
cette union ne pourra pas absorber ces facettes émotionnelles cachées.
Traiter ses dualismes, qu'ils soient professionnels ou sentimentaux
n'est pas une mince affaire. Souvent, l'expression "je m'en fiche" jaillit
spontanément pour ne pas affronter le problème. Peur de voir,
de connaître, de reconnaître sa propre participation à ce
qui a été ?
Ne pas rechercher la cause provient dans bien des cas à la notion de
culpabilité qui s'attache à l'évènement ou suite
d'évènements que l'on a laissé s'agglutiner au fil du
temps.
Cependant, s'il y a une culpabilité personnelle, il est nécessaire
de l'affronter pour pouvoir se libérer de ses suites restrictives du
retour vers le bonheur.
L'attitude de se considérer coupable masque une vision réelle
des évènements. Dans toute situation, quand bien même les
actes personnels participent pour une part importante, il ne peut y avoir une
négativité totale ni complète. C'est-à-dire que
la situation traversée apporte aussi, mais encore faut-il le voir par
le raisonnement objectif, une expérience positive enrichissante. La technique
consistera à se poser les questions sur son évolution dans le
travail, dans le poste, ce que l'on a réussi ; le manque de reconnaissance
n'est que la résultante subjective qui ne peut être la part la
plus importante. C'est d'abord pour soi que l'on travaille, que l'on recherche
à se performer.
Dans l'exemple professionnel, le burn out entraîne très souvent
un sentiment de faute personnelle inexcusable par le manque de reconnaissance
au travail alors que l'on a tout donné de soi. Ce comportement, très
représentatif des personnes investies à fond dans leur travail
et oublieux de leur vie privé, indique un rejet de soi au travers de
la société future, il ne permet pas de se réengager socialement,
la guérison est longue si la démarche de déculpabilisation
n'est pas entreprise.
Dans l'échec amoureux, les sentiments
ne se raisonnent pas, ils sont là et s'ils font souffrir, ce n'est
souvent pas tant qu'ils existent encore et que l'autre ne les éprouve
plus mais davantage parce que la raison ressasse les situations vécues
sur lesquelles l'esprit focalise en se targuant d\avpor été imbécile,
d'avoir tant supporté, donné. L'émotion dégagée
par la déception affective fait disparaître tout ce qui a été
bien vécu, qui a apporté des moments de joie ; elle ne s'appesantit
que sur les souvenirs qui font mal et attisent la colère. L'interrogation
devrait porter sur les moments heureux et, pour la partie générant
la frustration, accomplir ce chemin de questionnements sur les actions personnelles
qui se sont sans doute accumulées. Il sera probablement utile de ne pas
transformer le constat par un "j'ai voulu croire que...", il serait
trompeur.
Vivre, revivre, se reconstruire
ne peut se faire que lorsque l'on a ôté de soi les dualités
sources de conflits et de mal-être. Ceci fait, il redevient possible
à ce moment-là d'aller vers vers le renouveau social, de trouver
son unité avec l'autre. Agir ainsi, c'est assurer son développement
personnel.
Dzongkapa