Le premier pas…
Que de fois ai-je entendu cette expression par des amoureux et amoureuses transis
de crainte!
Va-t-il ou elle faire le premier pas… ? Que de stress, d'angoisse derrière
ces petits mots qui nous taraudent l'esprit, occupant nos pensées en premier
et en arrière plan.
Que cachons-nous par delà ces mots ?
Prenons le temps de les poser, à notre rythme et sans précipitation afin de
cerner ce que nous cachons à nous-même.
Aurions-nous un manque de confiance en nous au point de souhaiter que ce soit
l'autre qui fasse ce premier pas, que nous ne savons pas ou n'osons
pas faire ?
Pourquoi ce manque de confiance ? Si nous l'avons, pourquoi lui donnons-nous
vie ? Nos défauts nous paraissent-ils supérieurs à ceux d'un ou d'une autre
? Est-ce que, à nos yeux, l'Autre serait parfait (je sais, l'amour comme le
désir rendent aveugle…).
Est-ce parce qu'il y a une différence de situation sociale, une position
hiérarchique que nous posons en obstacle majeur ?
Nous estimons-nous si peu intéressant par notre conversation, nos facultés intellectuelles
ou notre savoir ?
Ou bien une différence d'âge ternirait la supposée attirance pour la
rendre improbable à vivre, non à cause de soi, mais du regard des autres ?
Dans cette recherche du premier pas…de l'autre alors que nous pouvons le
faire, sans doute avec un petit effort de notre part, nous en arrivons à
nous sentir diminué, ridicule, bloqué dans nos peurs.
Nous avons perdu un allant naturel, celui qui nous permet d'oser
être nous-même par la non acceptation
ou reconnaissance de ce que nous sommes intérieurement, avec toute la difficulté
pour l'extérioriser.
Le regard de l'autre peut-il porter atteinte à notre choix si ce que nous souhaitons
vivre n'implique que nous-même et l'Autre qui y consent ?
La société, au travers de chaque individu, nous a appris à
nous comporter au détriment de notre personnalité.
De cette pratique collective, nous avons réduit notre audace à
nous exprimer. A croire que s'exprimer pour notre propre vie porte tort au
voisin. Celui-ci n'est pas mieux loti que nous-même : il appuie sa conduite
sur notre regard à nous, créant un flux de retenue, de réserve qui nous limite
dans nos actions réciproques. La peur du commérage, du quand dira-t-on, la jalousie,
autant d'éléments qui entravent nos mouvements.
Le
premier pas…
Nous ne le faisons pas fait parce que nous avons également la Peur du NON…dans
ce contexte, il est difficile d'imaginer que cela peut être OUI.
Alors, nous préférons louvoyer, employant diverses ruses ou astuces pour ne
pas affronter le NON, nous privant d'un OUI retentissant que nous recherchons
pourtant sans oser aller le chercher nous-même.
Bien sûr que le non existe ! Mais le OUI également.
Nous sommes tellement obnubilés par ces réactions et aspects extérieurs que
nous plions nos actions à ce " qui paraît convenable " pour les autres.
Bien des amours solides, durables et intenses ont survécu tout simplement parce
que ces couples n'ont pas tenu compte des idées préconçues, du regard
des autres. Ils s'aimaient et seul comptait leur amour, le vrai.
Le
premier pas…
Ils l'ont fait pour vivre leur bonheur en dépassant les vicissitudes du quotidien,
sans laisser à celui-ci ni aux autres le loisir de ternir leurs sentiments.
Le
premier pas…
C'est la possibilité du OUI. Il faut se le dire intérieurement
mais aussi haut et fort et se battre pour l'assumer.
Le
premier pas…
C'est être en harmonie avec soi, naturellement, sans complexe, sans faux-fuyant
de soi ou des autres, sans leur prêter d'intention (qu'ils n'ont pas nécessairement).
Le
premier pas…
Conduit à grandir, à s'élever spirituellement et à se rencontrer d'abord pour
pouvoir, ensuite, être à même de rencontrer l'Autre et le vivre tout en
se vivant.