Dans la relation sentimentale,
existe le besoin profond d'entendre des mots, plus précisément ces mots qui
ont l'heur de (se) rassurer, de combler l'émotionnel affectif.
Ces mots d'amour, qui semblent marquer une " preuve " visible,
ont pour mission de (s)e prouver " qu'on existe " aux yeux de l'Autre.
Ces 3 petits mots " je t'aime " quel retentissement provoquent-ils dans
le for intérieur si complexe auquel nulle raison ne paraît pouvoir ou vouloir
s'appliquer.
Quand ils sont prononcés, chuchotés, ils bercent, apaisant les
craintes, les peurs et les angoisses. Il ou elle tient à moi ! Quel bonheur
de les entendre car on se dit : " J'existe, Je ne suis pas seule, Je ne
suis pas abandonnée ".
Quand ils ne sont plus dits, l'attachement amoureux de l'autre, ses sentiments,
son désir qu'il éprouve, sont rapidement mis en doute. Par similitude et réciprocité
personnelle ces mots sont "occultés" du langage. Frustration
suprême parce qu'en ne les disant plus la sensibilité et l'affect se trouvent
réduits. On perd " sa place ".
Comment commence ce déclin de la relation amoureuse ? Bien difficile
à dire, puisque chacune et chacun est un cas particulier.
Parfois, il s'agit d'une habitude qui glisse tout doucement dans un apparent
" confort " où la remise en question, le " vivre chaque jour " au naturel comme
si c'était le premier jour disparaît inexorablement.
D'autres fois, il s'agit d'une absence de désir physique, que l'on ne remarque
pas de suite, étant pris par d'autres évènements de vie, ou bien parce que
l'Autre est dans le souci, une mauvaise passe professionnelle ou parentale.
En d'autres endroits, les mots disparaissent, ne se disent plus parce que l'on
ne les ressent plus dans la réalité ou bien à cause de "sa réalité",
qu'ils n'ont plus la même force ni le même allant. Naît alors le début de
la souffrance affective, de l'amour éconduit par l'autre.
Cheminement de pensée conduisant inévitablement vers des crises,
calmes ou violentes, mais avec un constat : il n'y a plus rien de sa part…ou
de la mienne !
Drainant une situation à laquelle il faut faire face, mais avec quel moyen ?
Y en a-t-il un d'ailleurs, en raison de la spécificité de sa propre personnalité
?
L'émoi émotionnel joue quelques tours, empêchant une réaction
saine et sereine, amenant dans des réactions qui ont tendance à amplifier
la situation au lieu de la poser à nouveau avec recul et des constats et propos
objectifs.
Posant mille et une questions à l'esprit, le faisant partir à la dérive, frisant
ou atteignant un état obsessionnel ne voyant
plus le vrai du faux, le bon du mauvais choix, cet état intérieur
traduit la perte de la compréhension et, par conséquence, de l'action
avisée.
Il est délicat de trouver les " réponses " qui rétabliraient la situation
avec la reprise de la relation et des sentiments à l'appui de ces mots, devenus
creux, disparus..
L'ego se manifeste sous sa pire forme sans doute sur le plan sentimental :
" je veux que ce soit lui ou elle qui revienne, qui me désire à nouveau,
se mette à genoux pour demander pardon et me reconquérir ". Colère
et rage se mélangent dans cet émotionnel non contenu, exprimant seulement le
désarroi, l'impuissance devant un fait implacable : il ne m'aime plus ; je
n'existe plus, je suis seul, il m'a abandonnée.
D'autres sentiers amènent vers une responsabilisation personnelle paniquante
et exagérée : " je n'ai pas su voir, je n'ai pas su être à la hauteur,
je n'ai pas compris ses exigences…" mère Thérésa en action, prenant toute
la faute de l'Autre sur soi.
Ce n'est qu'après être en situation de séparation que la prise de conscience
se fait souvent avec du temps, que l'éveil à ce vide affectif se réalise.
L'avons-nous créé ou le subissons-nous, là n'est pas tellement la question
au final.
La crise ou la séparation amoureuse mérite de trouver ses réponses, pas
seulement être devant un fait accompli. Seule cette perception
du "pourquoi" guidera vers la guérison, et donnera les moyens de sauver la relation
sentimentale si elle peut l'être, de retrouver la confiance en soi en l'autre.
Retrouver la confiance,
pour échapper au couperet de la trahison et du mal être intérieur
mis en exergue par la suspicion.