Une de mes amies, un soir où
nous étions en mal de solitude -instant propice à l'épanchement de ce trop
plein fait d'insatisfactions accumulées, se mit à me parler de son ex dont
elle s'était séparée quelques mois auparavant. Elle n'arrivait pas, malgré
tout ce qu'elle pouvait dire, à dépasser cette séparation, comme marquée au
fer rouge car il l'avait abandonnée (c'estlui qui est parti).
Ressentant qu'il me fallait être à son écoute, je la laissais divaguer dans
son sujet, amusé par quelques situations qu'elle me narrait. Comme le soir
où, elle l'attendait bien sagement (enfin, plutôt les nerfs en pelote...),
il est rentré vers "juste 1 heure du matin" et qu'il lui a dit : "la réunion
a duré plus longtemps que prévu et après, on est allé prendre un verre...".
Cela ne faisait que la xième fois que ce prétexte revenait, alors que son job
ne permettait pas ces débordements professionnels. Etait-ce une naïveté pour
ne pas voir ? C'est vrai que soit nous sommes dans une méfiance ou bien dans
une confiance irraisonnées.
De fil en aiguille, elle vidait son sac, rempli de son abnégation qu'elle a
mis en avant durant toute sa relation, se pliant en quatre pour lui et tenter
de combler ses désirs à lui.
J'étais surpris de tant de désillusions contenues pour amener, au final, une
séparation. Je me hasardais à lui demander avec douceur si elle n'avait pas
fait autant de sacrifices plutôt pour elle ? Il me paraissait peu concevable
que, à la base, ceux-ci n'aient plutôt comme pilier le désir qu'il soit à
elle et, par raisonnement conscient ou inconscient, qu'elle n'avait pas justement
"tout fait pour lui" alors que le but qu'elle poursuivait était de se l'attacher
par reconnaissance...et donc, en fait, tout faire pour elle.
Elle a été étonnée car elle s'attendait plus à une attitude compatissante et
partisane de ma part à son triste sort. Certes, j'étais enclin à la tristesse,
mais je ne pouvais toutefois pas admettre, du moins en totalité, que son dévouement
était sans intéressement réel de sa part. Nous étions à un point crucial
de notre discussion, celui pour elle d'entrer sur sa véritable raison d'avoir
agi ainsi. Difficile cap à franchir, j'essayais de l'accompagner au mieux
de sa réflexion. Après un silence où son regard était tourné vers le sol, elle
releva la tête et me dit : je crois que j'ai fui en ne voulant pas voir
qui il était, ni qui j'étais vraiment. J'ai eu peur de le perdre,
alors oui, tout
ce que j'ai fait pour lui, tu as raison, je l'ai fait
pour moi et mes renoncements à mes propres exigences ne servaient que mon
envie de le garder.
Je n'ai pas voulu entrer en conflit lorsqu'il le fallait, toujours cette peur
qu'il me laisse pour aller ailleurs. J'ai été idiote à me masquer cette réalité
de mes propres peurs.